Pauline est arrivée à la nuit tombée.
Pauline, seule.
Il était un poil trop tard pour que vous sentiez l’embrouille, et pis
il faut dire qu’elle avait pris son temps pour arriver, du coup vous aviez déjà
quelques rosés d’avance.
« T’es toute seule, t’as lâché ton mec dans la forêt ? »
La question la plus stupide que vous aillez posée depuis que vous avez
demandé à votre mère en plein repas de famille si une capote c’était comme un
k-way. Il faut dire que vous aviez 8
ans, et qu’à l’époque, la pub conseillait de sortir couvert, ce qui brouillait
les pistes. Mais bon, aujourd’hui, vous en avez 30, et plus vraiment d’excuse
pour faire ce genre de gaffe.
Larguer sa copine la veille des vacances, c’est d’une violence ! L’inhumanité
du mec, quoi.
C’est pas comme si ça faisait 3 mois que la meuf se préparait
mentalement et physiquement à l’épreuve du mois d’août.
Non, parce que là-dessus, vous savez que Pauline et vous êtes sur la
même longueur d’ondes. Soyons clair, le corps des autres à la plage, vous n’en
avez franchement rien à faire. Vous avez depuis longtemps fait la paix avec
votre capital génétique et ne vous imposez plus de comparaisons ridicules avec
cette blondasse qui fait la sirène en remuant ses cheveux dorés au sel sur sa peau over-bronzée depuis
un bon moment. Mais passer 2 semaines en compagnie de SON PROPRE corps en
maillot de bain, ça demande une sacrée préparation mentale. Surtout quand on
passe le reste de l’année à crier au scandale du dictat de la beauté en
demandant la carte des desserts.
Bref. Pauline venait juste de réussir à envoyer bouler ses complexes
et à se faire à l’idée que sa dignité ne tiendrait qu'à une ficelle de bikini
pendant 2 semaines, et là, PAF. En plein mois d’août en plus, merci. L’idéal
pour déprimer. Tout le monde est parti en vacances EN FAMILLE, et elle, elle se
retrouve à zoner toute seule devant une vieille redif de Dolmen.
Du coup, elle s’est dit qu’elle n’allait quand même pas annuler son
weekend chez vous pour ça, et qu’elle allait même en profiter pour faire des
trucs qu’elle n’aurait jamais faits avec lui.
Sur le coup, vous avez appuyé sa décision d’un « mais grave, t’as
raison » de circonstance, sans trop savoir où cette résolution allait
vous mener. Mais bon, les copines, c’est aussi fait pour ça, répondre des mots d'encouragements à des affirmations absurdes.
Le lendemain, vous avez donc commencé par faire un peu de bricolage
avec elle, histoire d’occuper ses mains avec autre chose qu’un verre de vin,
parce que vu la chaleur, ça ne l’aurait pas menée bien loin…
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