Pas même Oscar Niemeyer, le plus grand des plus grands.
Il y a deux phrases qui viennent à mes
interlocuteurs quand je leur parle de mon métier : « c’est quand que
tu me fais ma maison ? », et « tu dois vachement bien dessiner,
hein ? Tu me feras un tableau un jour ? ».
J’ai fait l’effort
de répondre poliment à la première question pendant quelques années.
Et aujourd’hui,
je vais m’attaquer pour vous à la deuxième, parce que le dessin, c’est un peu d’actualité.
Si vous
pensez qu’un architecte passe son temps le crayon à la main, c’est un peu vrai.
Si vous pensez qu’il pourra artistiquement vous tirer le portrait entre deux
verres de rouge à l’apéro, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’à l’aisselle.
Je vous
scannerais bien le cheval que j’ai dessiné pour ma petite voisine avant-hier
pour vous le prouver, mais j’ai vraiment trop honte.
Pour un
architecte, le dessin, ça sert à communiquer. Ici, la fenêtre, ici, le lavabo,
ici la conduite d’évac.
Oui, je
sais, on est loin de l’image glamour de l’artiste maudit. Mais si on avait
voulu être glamour, on aurait fait Catherine Deneuve, pas architecte.
Notre truc à
nous, c’est d’expliquer en trois traits ce qu’on n’arrive pas à faire
comprendre avec des mots (parce que des fois, les mots, c’est compliqué).
Des fois
aussi, on met de la couleur, et c’est pas grave si on dépasse un peu. L’important,
c’est de faire passer des sensations, des idées, des principes, des vérités.
Le crayon d'un architecte, c'est un peu comme le marteau de Thor, ou la ceinture de Batman.
Le crayon d'un architecte, c'est un peu comme le marteau de Thor, ou la ceinture de Batman.
Et puis il
faut dire que le dessin a un coté précieux, parce qu’il a quelque chose d’intime.
A chaque trait dessiné, on se relie un peu plus à notre interlocuteur.
Alors il est
vrai que ces jours-ci, je me sens un peu ridicule le crayon à la main, à voir
défiler les unes de Charlie Hebdo dans les médias. Je pense que je ressens à
peu de choses près la même chose que Cloclo le jour où il a entendu pour la
première fois « le déserteur » à la radio après avoir chanté « le
lundi au soleil » sous sa douche.
Et puis mon
coté optimiste reprends le dessus, et je me dis que franchement, au Pictionary,
on déchire.
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